[1568]

DE LA VILLE DE PARIS.

XIV. — Ordonnance pour fortiffier la Ville.

8 février 1568. (Fol. 61 v°.)

Le huictiesme jour de Febvrier mil v^c lxviii, fut deliberé au Bureau de la Ville de Paris, où estoient mess™ les Prevost des Marchans et Eschevins de lad. Ville, pour le bien et conservation d'icelle et par exprès commandement du roy, que en toute diligence l'on parferait les tranchées encommancées du costé de l'Université, et que les fossez de la Ville seroient nectoiez, les tours flanquées et percées et les gardes renforcées, et les grans gardes et sentinelles admonestez de mieulx faire que par cy devant; qu'il sera faict mandemens aux Quarteniers de lad. Ville pour faire commandement à tous les habitans et citoiens de cesledicte Ville de soy fournir de vivres le plus commodement que faire se pourra, et que chascun achepte promptement ung pic, pelle, hoyau et hotte, pour s'en pouvoir servir en temps et lieu. Pareillement a esté ordonné que l'on rescriproit ès villes de Meaulx, Melun, Corbeil, Provins, Morel, Senlis, Ponthoize, Poissy, Meulan, Mante, Vernon, Andely el aulres les lettres cy apres insérées'¹' :

8 février t 568.

"Mess™, pour ce que nous sommes bien informez que les rebelles feront tout leur effort de surprandre

les villes circonvoisines de ceste capilalle'²', lani pour les saccager et donner en proye à leurs soldai* au lieu de leur solde, que pour tascher à empescher l'abort des vivres et autres commoditez qui en viennent jusques icy, nous vous en avons bien voulu advertir, affin que, comme par la grace de Dieu, sage conduicte et providence de nostre Roy, nous avons esté jusques aujourd'huy sainement conservez, vous faictes doresnavant bonnes et continuelles gardes, de jour et de nuict, par tous les endroictz de vostre ville, que l'on ne y puisse riens entreprandre à vostre peril, et à nostre grand prejudice etde tout le public de ce royaulme, faisant pour cest effect promptement admener et serrer en icelle vostre ville tous les grains, vins, lardz, foings, avoines et autres provisions des environs, et contraindre à ce faire tous ceulx qu'il appartiendra, sur peine de mettre le feu ès granches et maisons des delaians, ainsy que Sa Majesté entend que nousfacions de nostre part, si mieulx n'aymenl les faire acheminer en cesledicte Ville ; en quoy vous les favoriserez, s'il vous plaist, de toutes les seuretez requises, ce que vous exécuterez roidement et prudemment, comme la necessité et l'affaire le requierent. Nous esperons veoir lesd, rebelles reduictz en grande extremité; et vous prions, Mess", de ne vou-

de Saint-Germain-des-Prés. Comme le caractère de ce document le rattache essentiellement à notre publication, nous en donnons ici le texte :

«De par les Prevost des Marchans et Eschevins de la ville de Paris.

«Capitaine, ne faillez, incontinent les presentes veues, de rechercher en vostre dizaine tous ceux qui sonlsuspectz de la pretendue nouvelle religion, lesquelz se sont cy devant absentez et depuis retournez en leurs maisons, et leur faictes commandement de vuider de ceste ville et faulxbourgs dedans vingt quatre heures après le commandement que leur aurez faict, suyvant ce qui est mandé par lettres patentes du Roy du xxiv° jour de decembre et premier jour de fevrier derniers passez, qui sont ci insérées, et sur les peines contenues en icelles, lesquelles vous exécuterez diligemment, selon leur forme et teneur, sans y faire aucune dissimulation.ou longueur. Et pour eviter à la connivence que l'on pourroit faire à l'execution entiere desd, lettres, permettons aux colonnelz et tous autres capitaines de pouvoir faire lesd, recherches et vacquer à l'execution desd, lettres ès quartiers et dixaines les uns des autres et par toute lad. Ville et faulxbourgs, encore qu'il ne fussent dud. quartier et dixaine. En quoy faisant, mandons à tous citoiens de vous obeir et donner confort et ayde, si mestier est et requis en sont. Et de ce que aurez faict vous envoierez vostre procez verbal dedans deux jours après.

"Faict au Bureau de lad. Ville, le iv° jour de Febvrier a v°lxviii.- Signé : "Bachelier.)) (Histoire de la Ville de Paris, in-fol. t. III, Preuves, I, p. 709.)

On remarquera que le texte de ce mandement diffère de celui que l'on trouve dans le Registre, à la date du 9 février, mais que le fond en est le même à peu de chose près.

C La fin du folio 61 v° est restée en blanc, et la circulaire aux villes voisines n'a été insérée au Registre qu'au bas de la page suivante, après les mandements des g et io février. Nous la rétablissons à sa véritable place.

<-) Les protestants s'étaient emparés les jours précédents d'Orléans et de Blois et se préparaient à assiéger Chartres (J.-A. de Thou, Histoire universelle, trad, franç., in-4°, t. V, p. 386, 388, 4o6, 409 ^e- 4io). Un chroniqueur contemporain ajoute que le i5 février les ennemis coururent jusqu'à Essonnes, menaçant la capitale, et que les Suisses furent envoyés aux tranchées pour garderies faubourgs Saint-Marceau, Saint-Victor, Saint-Jacques et Saint-Germain. (Pierre Brulart, Journal cité, p. 193.)

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